Réformes dans le secteur de l’eau et de l’assainissement : la société civile prône une gouvernance partagée et territorialisée
À l’ouverture des Journées de Réflexion et d’Orientation sur les Réformes Institutionnelles Prioritaires dans le secteur de l’eau et de l’assainissement, la Plateforme des Organisations de la Société Civile pour l’Eau et l’Assainissement au Sénégal (POSCEAS) a livré un plaidoyer fort en faveur d’une gouvernance plus inclusive, territorialisée et durable.
S’exprimant devant un parterre d’acteurs publics, privés et institutionnels, le coordinateur de la POSCEAS a souligné que ces journées ne doivent pas être perçues comme une simple consultation administrative, mais comme un tournant historique pour repenser en profondeur la gouvernance de l’eau et de l’assainissement au Sénégal.
« Il est temps de rompre avec un modèle centralisé qui a montré ses limites. L’eau et l’assainissement doivent être pensés, planifiés, mis en œuvre et contrôlés à l’échelle des territoires, là où vivent les citoyens », a déclaré le coordinateur Aziz Faye
Une nouvelle vision axée sur les territoires
La société civile appelle à une décentralisation effective, fondée sur le principe de subsidiarité, en donnant aux collectivités locales les moyens humains, techniques et financiers nécessaires à l’exercice de leurs compétences. L’objectif : rapprocher les décisions des populations et construire une cohésion sociale durable à travers une gouvernance de proximité.
La POSCEAS a insisté sur la nécessité d’institutionnaliser la participation citoyenne, en associant les usagers à toutes les étapes de la gestion des services : choix locaux, planification, contrôle et évaluation.
« Les meilleures solutions viennent souvent du terrain. Impliquer les citoyens, c’est renforcer la pertinence, la durabilité et l’appropriation des réformes », a-t-il ajouté.
Pour une régulation indépendante et efficace
Autre point majeur du plaidoyer de la POSCEAS : la création d’une Autorité de Régulation du Secteur de l’Eau et de l’Assainissement (ARSE). Cette structure, selon la plateforme, doit être indépendante, représentative des différentes parties prenantes, et dotée du pouvoir de veiller à l’équité et au respect des règles dans un secteur stratégique.
Une gestion intégrée et durable de la ressource
La POSCEAS a aussi plaidé pour une approche intégrée et multisectorielle de la gestion des ressources en eau, en appelant à la création de structures opérationnelles à l’échelle des bassins hydrographiques. Ces agences, autonomes et territorialisées, devront coordonner la planification, la préservation et la répartition équitable de la ressource, en lien avec les secteurs de l’agriculture, de l’environnement, de la santé, de l’industrie et de l’aménagement.
Le plaidoyer rappelle également la valeur triple de l’eau : sociale, écologique et économique. Il invite l’État à rendre effectif le droit à l’eau tout en appliquant les principes du pollueur-payeur et du préleveur-payeur, notamment dans les secteurs industriels et agricoles à forte consommation.
Encourager le secteur privé local
La POSCEAS souhaite enfin une implication accrue du secteur privé national, notamment des PME, dans la construction, la gestion et la maintenance des infrastructures. Cette ouverture, encadrée par des mécanismes de délégation transparents, serait un levier d’emplois, de compétences locales et de financement endogène.
Une feuille de route partagée
En conclusion, la société civile appelle à faire émerger de ces journées un nouveau contrat social autour de l’eau et de l’assainissement : plus équitable, plus transparent et plus durable.
« Ce qui se joue ici dépasse le cadre technique. Il s’agit de bâtir une souveraineté hydraulique au service du développement, de la justice sociale et de la résilience climatique. »
La POSCEAS réaffirme son engagement à accompagner les institutions, en tant que vigie citoyenne, force de proposition et partenaire actif pour la réussite des réformes en cours.