Lac Rose : Daouda Ngom avertit sur le projet Ville Verte d’Orascom
« Nous devons être prudents et veiller à ce que ce projet ne nuise pas à notre patrimoine naturel »
Lac Rose, Sénégal .En visite ce mercredi sur le site du projet « Ville Verte », le ministre de l’Environnement et de la Transition écologique, Daouda Ngom, a insisté sur la nécessité de concilier développement urbain et préservation de l’environnement. Ce projet, porté par la DGPU en partenariat avec Casa Orascom, suscite à la fois espoir et inquiétude.
Une étude d’impact validée, mais des voix discordantes
Le projet Ville Verte, situé au Lac Rose, prévoit la construction de 18 000 logements sur une période de cinq à sept ans. Financé par un investissement privé d’Orascom, il bénéficie de l’accompagnement de l’État, notamment via la mise à disposition de terrains sous bail emphytéotique.
Avant toute mise en œuvre, le projet a fait l’objet d’une étude d’impact environnemental, validée par le comité technique, puis soumise à une audience publique. Malgré ces validations, certaines inquiétudes persistent. D’où la visite de terrain du ministre, qui souhaite s’assurer que toutes les conditions sont réunies avant la délivrance du certificat de conformité environnementale.
« Dans ces cas de figure, s’il y a des voies discordantes, le ministre peut continuer à faire des visites et échanger avec les acteurs pour trouver les meilleures voies pour valider le rapport », a déclaré Daouda Ngom.
Accompagné de ses services techniques, du préfet, du sous-préfet et des représentants de la DGPU, le ministre s’est dit satisfait de la visite. Il a toutefois rappelé que la décision finale ne sera prise qu’après une analyse approfondie du dossier.
Un projet structurant, mais un site fragile
Ville Verte se présente comme un modèle de ville durable : logements sociaux, infrastructures modernes, espaces verts et services de proximité. Ce projet vise à répondre à la forte demande de logements dans la région de Dakar tout en intégrant les enjeux environnementaux.
Mais cette ambition soulève aussi des préoccupations. Le site du Lac Rose est un écosystème fragile, connu pour sa salinité exceptionnelle et son attractivité touristique. Plusieurs organisations, dont l’Association pour la protection du Lac Rose, craignent une dégradation irréversible de cet environnement unique.
« La construction de dizaines de milliers de logements risque de perturber l’équilibre écologique du lac et d’impacter négativement les activités économiques locales », alerte l’un de ses membres.
Une réserve naturelle urbaine en projet
Face à ces risques, le ministre a annoncé une mesure complémentaire : la création d’une réserve naturelle urbaine autour du Lac Rose. Ce projet vise à renforcer la protection de cet espace emblématique du patrimoine naturel sénégalais.
« Nous voulons en faire une réserve naturelle urbaine, avec un cantonnement en permanence. Le processus est déjà entamé avec les services techniques, la DGPU et les communautés locales », a précisé Daouda Ngom.
Selon lui, ce classement permettrait de doter le site d’outils de gestion et de surveillance plus efficaces, en particulier contre les pressions foncières et les effets du changement climatique.
Aligné sur les objectifs de l’Agenda Sénégal 2050, le projet entend positionner le Lac Rose comme un nouveau pôle urbain durable.
Une ambition ancienne, un avenir à trancher
Ce projet de transformation du Lac Rose n’est pas nouveau. Dès 2016, Samih Sawiris, PDG du groupe Orascom, avait exprimé son intérêt pour la région et annoncé un investissement potentiel de 500 millions de dollars. Il avait alors rencontré l’ancien président Macky Sall pour présenter sa vision de développement urbain intégré.
Aujourd’hui, avec le retour de l’État sur le terrain et la relance du projet, les ambitions sont réaffirmées. Mais la prudence reste de mise.
« Nous devons être prudents et veiller à ce que ce projet ne nuise pas à notre patrimoine naturel », a conclu Daouda Ngom.
La décision finale concernant la certification environnementale de Ville Verte est attendue dans les prochains jours. Elle sera déterminante pour l’avenir du site, et pourrait bien tracer la voie d’un équilibre entre urbanisation moderne et préservation écologique.