Entretien avec M. François Olivier GOSSO, Directeur Exécutif de l’AAEA : « Le CST devient un levier stratégique pour transformer le secteur de l’eau et de l’assainissement en Afrique »
Le 95e Conseil Stratégique et Technologique (CST) de l’Association Africaine de l’Eau et de l’Assainissement (AAEA), se tient du 21 au 24 Juillet au Malawi, M. François Olivier GOSSO, Directeur Exécutif de l’AAEA, revient sur les enjeux, les orientations et les perspectives du secteur à l’échelle continentale.
Entretien :
Quelles sont les priorités stratégiques abordées lors de ce 95e Conseil, et pourquoi ce rendez-vous est-il crucial pour les acteurs africains de l’eau et de l’assainissement ?
François Olivier GOSSO : Ce 95e CST a été une étape importante pour aligner les acteurs du secteur autour des priorités du continent. Le thème central, « Économie verte et résilience climatique en Afrique », a permis d’insister sur l’urgence de repenser nos modèles face aux impacts croissants du changement climatique, notamment pour les pays vulnérables comme le Malawi.
Nous avons travaillé sur quatre priorités stratégiques :
L’économie verte et la résilience climatique ;
L’accélération de l’accès à l’eau potable et à l’assainissement, avec plus de 410 millions d’Africains encore sans eau potable et près de 780 millions sans services d’assainissement adéquats ;
Le renforcement des capacités et le transfert de compétences ;
Et enfin, la promotion de la recherche appliquée et de l’innovation.
Ce Conseil constitue un moment clé de concertation continentale, de formulation de recommandations techniques structurantes, et un jalon essentiel dans la préparation de notre 23e Congrès prévu en 2026 à Yaoundé.
Comment l’AAEA compte-t-elle tirer parti des discussions techniques du CST pour renforcer les capacités des institutions et opérateurs du secteur ?
François Olivier GOSSO : C’est une vraie évolution que nous avons initiée : le CST devient désormais un levier stratégique de renforcement des capacités. Ce n’est plus un simple cadre d’échanges, mais un organe structuré, doté :
D’un Conseil Stratégique de 25 membres représentant toutes les catégories de membres (opérateurs, régulateurs, jeunes professionnels…) ;
Et de Groupes Spécialisés (SGs), qui couvrent les grands domaines techniques du secteur.
Ces Groupes Spécialisés produiront des contenus ciblés : rapports, webinaires, formations, guides pratiques… Ils deviendront aussi des communautés d’apprentissage Sud-Sud, favorisant la co-construction entre pairs.
En parallèle, nous structurons un véritable espace de leadership technique africain : les SGs deviennent des incubateurs de talents et des pépinières pour les futurs leaders du secteur.
Quel appel souhaitez-vous lancer aux chercheurs, décideurs politiques et partenaires techniques pour accélérer l’innovation dans le secteur de l’eau en Afrique ?
François Olivier GOSSO : Nous lançons un appel solennel et stratégique à l’ensemble des forces vives du secteur.
À la communauté scientifique, nous demandons de renforcer les efforts de recherche appliquée, en phase avec les réalités africaines. Il est essentiel de valoriser les savoirs endogènes et de proposer des innovations réellement utiles et adaptées.
Aux décideurs politiques, nous disons ceci : sans volonté politique claire, sans gouvernance structurée et sans budgets dédiés, il ne peut y avoir de transformation durable. L’eau et l’assainissement doivent devenir des priorités stratégiques nationales.
Aux partenaires techniques et financiers, nous appelons à des partenariats plus équitables, structurants et prévisibles, pleinement alignés avec les ambitions africaines. L’AAEA est prête à jouer son rôle de catalyseur et de plateforme de convergence.
Quelles sont les prochaines étapes en vue du 23e Congrès International de l’AAEA à Yaoundé ?
François Olivier GOSSO : Le 23e Congrès International de l’AAEA se tiendra du 9 au 13 février 2026 à Yaoundé, au Cameroun, sur le thème « Eau et Assainissement pour tous : des actions fortes en Afrique ». Ce sera un moment fort de mobilisation du secteur.
Nous avons prévu plusieurs étapes clés :
Le lancement officiel du Congrès, prévu pour le 30 juillet 2025 à Yaoundé ;
Une campagne internationale de promotion, avec des événements dans plusieurs pays africains pour attirer les participants et partenaires ;
La mobilisation ciblée des sociétés d’eau et acteurs WASH d’Afrique centrale, afin de garantir une forte implication régionale ;
La finalisation du programme scientifique et institutionnel, qui intégrera des innovations, des panels de haut niveau, et des formats participatifs ;
Et enfin, le renforcement de nos partenariats techniques et financiers, pour assurer la réussite de l’événement.
Un mot de conclusion ?
François Olivier GOSSO : L’Afrique est à un tournant. Le secteur WASH doit devenir un pilier central de notre développement. Grâce à la mobilisation de tous – techniciens, décideurs, chercheurs, partenaires – nous pouvons bâtir des services d’eau et d’assainissement durables, inclusifs et résilients. L’AAEA est prête à accompagner cette transformation.
