La Cour des Comptes a rendu public un rapport explosif sur la gestion des finances publiques du Sénégal entre 2019 et le 31 mars 2024. Ce document met en lumière de graves irrégularités dans la gestion du budget de l’État, des dépenses opaques, des dettes cachées et des fonds publics mal gérés.
Des chiffres manipulés pour masquer le déficit budgétaire
Selon la Cour des Comptes, le gouvernement a procédé à des rattachements irréguliers de recettes, c’est-à-dire qu’il a artificiellement déplacé des revenus d’une année à une autre pour présenter un déficit budgétaire inférieur à la réalité. En 2023, par exemple, 131 milliards de francs CFA ont été ainsi « rattachés » à l’exercice 2022.
Des comptes spéciaux pour des dépenses hors de tout contrôle
Le rapport révèle l’existence de fonds spéciaux opaques, comme les comptes CAP/Gouvernement (1 343 milliards F CFA) et PDIES (303 milliards F CFA). Ces comptes ont servi à décaisser des sommes astronomiques sans véritable contrôle. En 2023, 407 milliards F CFA ont été prélevés de ces comptes et redistribués sans autorisation budgétaire.
Des dettes bancaires non déclarées
L’audit démontre que l’État a contracté des emprunts en dehors du circuit budgétaire, ce qui signifie que ces dettes n’apparaissent pas dans les comptes officiels. Parmi les anomalies, un reliquat de 114,4 milliards F CFA de l’emprunt obligataire Sukuk SOGEPA (2022) n’a jamais été versé au Trésor public.
Paiements douteux et transferts suspects
Plusieurs versements suspects ont été identifiés :
6,4 milliards F CFA versés à Envol Partenariat S.A. pour le loyer de la Maison des Nations Unies.
1,2 milliard F CFA payé à DP World pour l’achat d’actions sans transparence.
4 milliards F CFA transférés à Air Sénégal sans justification.
Exonérations fiscales non contrôlées
Autre point noir du rapport : le gouvernement n’a pas publié les évaluations des dépenses fiscales pour les années 2022 et 2023, contrairement aux obligations de l’UEMOA. En 2023, 391 milliards F CFA d’exonérations douanières ont été accordées sans audit clair.
Une alerte sur la gestion des fonds publics
Face à ces révélations, la Cour des Comptes recommande des réformes urgentes pour mettre fin à ces pratiques, renforcer la transparence et rétablir la crédibilité des finances publiques. Une question reste en suspens : quelles seront les conséquences politiques et judiciaires de ces scandales ?