L’ancien Premier ministre Abdoul Mbaye s’est exprimé sur le retrait de l’Union européenne des eaux sénégalaises, après la fin des accords de pêche. Bien que cette décision puisse soulager les partisans d’une gestion souveraine et durable des ressources halieutiques, Abdoul Mbaye soulève des questions cruciales sur les motivations de l’UE et les responsabilités sénégalaises face à une grave accusation : la prolifération de la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (INN).
Pour Abdoul Mbaye, l’arrêt des accords par l’UE, loin d’être une simple mesure protectionniste, reflète une préoccupation plus profonde. « Le gouvernement du Sénégal doit répondre à cette grave accusation de portée internationale, selon laquelle une pêche illicite dévastatrice sévit dans nos eaux. Mais alors, par qui et pourquoi ces pratiques sont-elles tolérées ? » s’interroge-t-il sur sa page Facebook.
Cette pêche illégale, qui englobe tant les chalutiers étrangers opérant sans autorisation que certaines pratiques locales échappant au contrôle des autorités, menace l’écosystème marin et met en péril les communautés dépendantes de la pêche artisanale.
Pour l’ancien chef du gouvernement, cette situation résulte d’un cumul de manquements :
Faiblesse de la surveillance maritime : Le Sénégal dispose d’une vaste zone économique exclusive (ZEE), mais manque de moyens techniques et humains pour la contrôler efficacement.
Complicités et opacité : Abdoul Mbaye pointe du doigt les procédures opaques dans l’octroi de licences et d’éventuelles complicités au sein des administrations en charge.
Absence de stratégie durable : Il estime que les autorités n’ont pas su instaurer des politiques à la fois protectrices de l’écosystème et viables pour les communautés locales.
Abdoul Mbaye reconnaît néanmoins que le retrait de l’UE pourrait être transformé en opportunité. « Cette rupture doit marquer un tournant pour revoir notre gestion des ressources halieutiques. La priorité doit être donnée à la pêche artisanale et à la durabilité des stocks. »
Il appelle à :
Une enquête indépendante pour identifier les responsables des pratiques illicites.
Un renforcement de la surveillance maritime, via des partenariats technologiques et financiers internationaux.
Un dialogue inclusif avec les acteurs du secteur pour réformer en profondeur la gouvernance des ressources halieutiques.
« Les ressources de la mer sont une richesse nationale. Si nous échouons à les gérer, nous trahissons les générations futures et perdons en crédibilité sur la scène internationale », conclut Abdoul Mbaye.
La balle est désormais dans le camp du gouvernement, qui devra, face à l’opinion nationale et internationale, répondre à cette double accusation : celle de la pêche illicite dans les eaux sénégalaises, et celle d’une gestion insuffisante d’un patrimoine essentiel.