Le Forum Social Sénégalais a tenu un point de presse ce matin pour discuter de la situation actuelle de la gouvernance de l’eau au Sénégal et du contrat liant le pays à la multinationale Suez. Le coordonnateur du Forum Social Sénégal Mamadou Mignane Diouf  a partagé des informations cruciales sur cette situation qu’il a décrite comme « très compliquée » et « très difficile » avant de demander la publication du contrat d’affermage de  SUEZ avec le Sénégal non sans interpeller les autorités pour une gouvernance transparente du secteur de l’eau.

Mamadou Mignane Diouf  a rappelé le contexte de l’appel d’offres lancé par le Sénégal pour signer un contrat d’affermage avec une entreprise multinationale. « À l’époque, il y avait Suez, Veolia et la SDE en compétition », a-t-il indiqué. Finalement, Suez a été retenue, et la filiale sénégalaise Sen Eau a été mise en place.

La société Sen Eau délégataire du service public de l’eau en milieu urbain et péri-urbain, a commencé ses activités en janvier 2020 pour une durée de 15 ans. Le coordonnateur du Forum Social Sénégalais a détaillé l’actionnariat de Sen Eau : « Suez détient 45 %, l’État du Sénégal 24 %, le privé national 20 %, et les travailleurs 11 % » avant de souligner  « même si Suez n’est pas majoritaire, c’est elle qui assure la gestion de l’entreprise avec des expatriés occupant les postes clés » a laissé entendre ce dernier.

Durant son face à face avec la presse, Mamadou Mignane Diouf  a exprimé des préoccupations majeures concernant la gouvernance de Sen Eau : « Pourquoi une entreprise qui n’est pas majoritaire s’adjuge-t-elle autant de pouvoir dans la gouvernance ? ». Il a également critiqué la gestion de Suez, affirmant qu’elle repose sur un modèle de « pillage systématique » via des missions d’assistance technique facturées par Suez, des achats et locations de matériel exclusivement auprès de fournisseurs français, et la vente de logiciels que les techniciens sénégalais pourraient développer localement.

Le coordonnateur du FSS a également abordé les conditions de travail des employés de Sen Eau, dénonçant la « généralisation des contrats d’intérim » et le recours à une société de ressources humaines, Human Capital, pour la gestion de ces contrats. Il a indiqué que « les travailleurs sont souvent embauchés pour de courtes durées et se retrouvent dans une précarité professionnelle constante » vocifère M. Diouf.

Le coordonnateur a évoqué les pertes financières cumulées de Sen Eau, estimées à 17 milliards de francs CFA sur les trois premières années, et la proposition récente de Suez d’augmenter les tarifs de l’eau, rejetée par le président sénégalais. « Si Suez veut augmenter les tarifs, est-ce à cause de ses pertes ? », s’est interrogé Mignane, soulignant les défis financiers auxquels l’entreprise est confrontée.

Mamadou Mignane Diouf  a invité les syndicalistes à soutenir un délégué convoqué devant la commission de discipline le 24 juillet, craignant des représailles contre ceux qui défendent les travailleurs car les représentants des travailleurs subissent diverses formes de répression, allant des convocations à la gendarmerie à des licenciements arbitraires.

Le Forum Social Sénégalais appelle à une prise de conscience et à une action collective pour améliorer la gouvernance de l’eau et les conditions de travail au sein de Sen Eau. La transparence et l’implication des parties prenantes locales sont essentielles pour garantir un service public de l’eau efficace et équitable au Sénégal.

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