Thiès, ville stratégique de l’intérieur du Sénégal, a été choisie pour abriter un projet expérimental majeur de gestion des boues de vidange. Porté par l’ONG allemande BORDA, ce projet innovant s’inscrit dans une dynamique d’économie circulaire et de durabilité urbaine, suscitant un large engouement des autorités locales et des professionnels de l’assainissement.
« Le choix de Thiès n’est pas fortuit », a souligné Saer NDAO Gouverneur de la région lors du Comité régional de développement (CRD) convoqué pour le lancement du projet.
« Le besoin est réel et le déficit en matière d’assainissement est marquant. Tous les acteurs conviennent que Thiès a besoin de ce dispositif. »
Ce projet vise à la fois l’amélioration des conditions sanitaires et le renforcement des capacités locales, pour une gestion autonome et durable de l’assainissement.
« Même si la loi est là pour régir la police sanitaire, il nous faut avant tout promouvoir une éducation au comportement », a insisté le Gouverneur.
« Cette éducation permettrait de garantir une meilleure appropriation des dispositifs mis à disposition. »
Sur le plan technique, le Directeur pays de BORDA Sénégal, M. Assane Diarra, a présenté les contours du programme :
« BORDA intervient depuis 1977 dans 25 pays sur les questions d’assainissement. Au Sénégal, notre projet vise à améliorer l’assainissement urbain à travers des technologies sobres en énergie, intégrées à une approche d’économie circulaire. »
La première phase du projet, couvrant la période 2023–2026, bénéficie d’un financement de 500 millions de francs CFA accordé par la coopération allemande. Elle prévoit l’installation d’une Station de Traitement des Boues de Vidange (STBV) d’une capacité de 10 m³/jour sur le site de la station d’épuration de Keur Saib Ndoye, dans la commune de Thiès Nord. Un camion hydro cureur sera également mis à disposition pour faciliter les opérations et accompagner la formation des vidangeurs, avant même la finalisation des travaux.
Ce choix stratégique s’appuie sur les résultats des premières concertations menées avec les professionnels de la vidange, regroupés sous l’Association des Vidangeurs affiliée à l’AAAS. Ces échanges ont mis en évidence une forte demande pour une station de plus grande capacité — estimée à 800 m³/jour — afin de couvrir les besoins réels de la ville.
Toutefois, le projet conserve une vocation expérimentale, avec un accent sur l’apprentissage, l’optimisation des opérations et une évaluation technique et sociale avant un éventuel passage à l’échelle.
Selon BORDA, ce projet vise à démontrer la viabilité locale des technologies proposées, tout en favorisant leur appropriation par les acteurs sénégalais et leur réplication à l’échelle nationale. Un important volet de renforcement des capacités accompagne cette initiative.
L’approche préconise une implication active des parties prenantes locales dès le démarrage, afin d’éviter toute perception erronée du projet comme une menace pour les acteurs privés du secteur. Bien au contraire, il s’agit d’un levier de professionnalisation, de modernisation et d’amélioration durable des services d’assainissement.
« L’objectif est de réduire les risques sanitaires, de valoriser les produits issus du traitement dans l’agriculture, et d’assurer un cadre de vie plus sain aux populations locales », a précisé M. Diarra.
En parallèle, des partenariats avec l’université de Thiès et les instituts de formation sont prévus pour garantir une co-construction locale du projet, favoriser la recherche appliquée, et pérenniser les retombées positives de cette première phase.
