Le Grand Barrage de la Renaissance Éthiopienne (GERD) s’impose comme une prouesse d’ingénierie qui promet de transformer le paysage énergétique de l’Afrique. Avec une capacité de 6 450 mégawatts, il devient la plus grande centrale hydroélectrique du continent. Cependant, au-delà de ses ambitions énergétiques, ce projet exacerbe les tensions géopolitiques entre l’Éthiopie, l’Égypte et le Soudan en raison des préoccupations liées à la gestion des ressources hydriques du Nil.

Un projet titanesque au cœur du développement énergétique africain

Le GERD représente un levier économique majeur pour l’Éthiopie, qui aspire à renforcer son indépendance énergétique et à devenir un fournisseur clé d’électricité pour ses voisins, notamment le Soudan, Djibouti et le Kenya. Depuis l’annonce du projet en 2008, sa construction a suivi un parcours impressionnant :

2009 : Études de faisabilité et d’impact environnemental.

2010 : Mobilisation nationale pour financer le projet.

2011 : Début des travaux de construction.

2015 : Installation des premières turbines.

2020 : Atteinte de la capacité maximale de production.

2022 : Achèvement officiel du projet.

Le barrage mesure 155 mètres de hauteur et s’étend sur 1 780 mètres de longueur. Son réservoir peut stocker jusqu’à 74 milliards de mètres cubes d’eau, modifiant considérablement l’équilibre hydrique du Nil Bleu.

Une prouesse d’ingénierie face aux défis géologiques

Construit en béton compacté au rouleau, le GERD intègre des technologies avancées pour résister aux conditions géologiques complexes de la région du Rift est-africain. Des dispositifs de surveillance hydrologique ont été mis en place pour suivre l’impact du projet sur l’environnement, notamment par l’utilisation de données satellites et de modèles de gestion des flux d’eau.

Enjeux géopolitiques et tensions accrues autour du Nil

L’impact du GERD dépasse largement les frontières éthiopiennes. L’Égypte, qui dépend du Nil pour plus de 90 % de ses besoins en eau, perçoit ce barrage comme une menace directe à sa sécurité hydrique. Le Soudan, quant à lui, oscille entre bénéfices (hydroélectricité, irrigation) et craintes liées à une gestion non réglementée du barrage.

Les négociations entre ces pays, sous l’égide de l’Union africaine et d’autres médiateurs internationaux, peinent à aboutir à un accord définitif. L’enjeu principal reste le rythme de remplissage du réservoir et les mécanismes de régulation des flux d’eau. L’incertitude sur la gestion future du GERD cristallise les tensions, menaçant de déséquilibrer toute la région.

Bénéfices économiques et préoccupations environnementales

Sur le plan économique, le GERD représente une opportunité majeure pour l’Éthiopie. La vente d’électricité pourrait rapporter environ 2 milliards de dollars par an, dynamisant le PIB national et renforçant la coopération économique régionale.

Cependant, des risques environnementaux subsistent. L’évaporation pourrait entraîner une perte annuelle de 3 milliards de mètres cubes d’eau, affectant la disponibilité en eau des pays en aval. De plus, la réduction des inondations saisonnières du Nil pourrait perturber le dépôt naturel de limon, essentiel à l’agriculture en Égypte et au Soudan.

Quel avenir pour le Nil ?

Alors que le GERD s’impose comme un acteur incontournable du paysage énergétique africain, ses implications sur la stabilité régionale et l’environnement restent à surveiller. L’avenir du Nil, artère vitale pour des millions de personnes, dépendra de la capacité des pays concernés à trouver un compromis entre développement énergétique et gestion durable des ressources en eau.

Source/ Afriquenligne

Actions:

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *