Dr Blaise Moussa, nouveau Président de l’AAEA « L’eau, c’est la vie, et notre mission est de faire en sorte qu’elle soit accessible à toutes les populations, tout en garantissant sa durabilité pour les générations futures.« 

Lors de l’Assemblée Générale ordinaire de l’AFWASA tenu ce samedi 15 Février a Kampala , Dr Blaise Moussa remplace Dr Eng. Silver Mugisha a la tête de l’association. Le président sortant de l’Association Africaine de l’Eau et de l’Assainissement a laissé un lourd héritage face aux défis et enjeux d’accès à l’eau et a l’assainissement du continent. Dr Blaise Moussa, le nouveau président, annonce son ambition de renforcer cet héritage en optant pour une approche d’incrémentation plutôt que de rupture. Il entend s’appuyer sur les avancées déjà réalisées pour apporter de la valeur ajoutée, en favorisant la collaboration et l’innovation dans la gestion de l’eau en Afrique. Il s’est prononcé devant les journalistes sur son ambition.

Entretien :

Monsieur Blaise Moussa, vous êtes le Directeur de CAMWATER et vous avez été porté à la tête de l’AFWASA suite à l’Assemblée Générale qui s’est tenue en prélude de la cérémonie d’ouverture du Congrès. Avez-vous mesuré les défis qui vous attendent à la tête de l’organisation ?

Je viens d’être élu président de l’Association Africaine de l’Eau de l’Assainissement. Et c’est un plaisir de pouvoir prendre en charge les destinées de cette association. L’occasion m’est donnée immédiatement de dire merci au président de la République du Cameroun, Son Excellence Paul BIYA, qui m’a autorisé à porter ma candidature. Et de dire aussi merci à tous les membres de l’Assemblée Générale de cette association qui ont su marquer leur confiance aux membres de cette personne.

Monsieur le Président sortant a fait état d’un certain nombre d’acquis, d’un certain nombre d’avancées pour l’association. Comment comptez-vous les consolider pendant le mandat qui vient de vous arriver ?

Comme je l’ai dit, il ne s’agit pas de faire de la rupture pour de la rupture. Je voudrais faire ce qu’on appelle de l’incrémentation. Partir d’une base qui est quelque part déjà solide. Il y a de bonnes avancées qui ont été obtenues. Et voir dans quelle mesure, avec des outils et méthodes un peu plus modernes, qui seront communément apportées par toutes les parties présentes, travailler à créer de la valeur ajoutée.

Et faire en sorte qu’il y ait un relèvement de l’association dans la perspective de mieux satisfaire les objectifs statutaires et les attentes des membres. Mais surtout, toujours avoir à l’esprit que la cible principale, c’est la population. Car l’eau, c’est la vie.

Parlant du service de l’eau en Afrique justement, quel en est l’impact au niveau des populations ?

L’eau, c’est la vie. Je crois que même l’essentiel de notre masse corporelle, c’est de l’eau. Notre quotidien est marqué par l’eau. Et même notre façon de nous établir dans différents espaces géographiques est conditionnée par l’eau. L’eau est un bien social. L’eau est un bien économique. L’eau est un bien financier également parce qu’il y a toute une ingénierie qui se fait autour de l’eau. L’eau est un bien qui nécessite la mise en œuvre des éléments de technologie. Mais au total, ce qui est attendu, c’est qu’il y ait de l’eau à la disposition des populations. Cette association est donc le lieu de mise en commun de tout ce qu’il y a comme meilleurs éléments afin que, par l’effet des synergies, mais surtout par la mutualisation et la valorisation des spécialités des uns et des autres, on puisse mieux adresser la question de la mise à disposition de l’eau au profit des populations.

Et vous savez que ce n’est pas une gageure dans la mesure où c’est un enjeu permanent qu’il s’agit d’adresser. Et le besoin en eau est toujours en avance sur la capacité d’apporter de l’eau aux populations. Divers aspects de la vie constituent des obstacles, que ce soit sur le plan sociétal, que ce soit sur le plan des comportements individuels ou bien certains enjeux et surtout le fait que généralement, les intérêts ne sont pas toujours les mêmes. Par exemple, les acteurs de l’industrie peuvent avoir de la peine à servir les visées des structures en charge de la mise à disposition de l’eau potable parce que la ressource va être attaquée au lieu de se renouveler. Sécuriser ces ressources, c’est donc travailler pour le développement durable.

Quand on parle de l’eau potable, ne parlons plus simplement de ce produit qui est mis à disposition. Voyons dans quelle mesure les générations futures pourront en disposer. Et mettre à disposition l’eau potable, c’est aussi voir dans quelle mesure on peut mieux maîtriser le phénomène de l’eau non facturée.Il faut donc de l’efficacité. Et cette efficacité, c’est utiliser tout ce qu’il y a de meilleur et qui peut être mis en partage.

Alors Monsieur le Président vous évoquiez tantôt de la sécurité de  l’eau et on parle de diplomatie de l’eau. Vous avez fait des détails également de l’eau non facturée. Alors, quelle sera la nouvelle politique pour que ce soit quand même un acquis d’autant plus que les spécificités dans les pays ne sont pas les mêmes ?

Je crois qu’en même temps, il faut mettre des politiques qui vont servir de cadre général pour tout le monde. Mais il va toujours importer que les spécificités soient prises en compte parce que le problème ne se présente pas de la même manière partout. Dans un certain avenir et à certains endroits, on devra parler de dessalement. Mais est-ce qu’on va parler de dessalement là où l’eau est disponible ? Et même quand l’eau est disponible en ce qui concerne les ressources superficielles, est-ce que la nature de l’eau brute est toujours la même ? Ce n’est jamais la même chose. C’est pour ça qu’il faut adresser la question de manière différentielle. Et ensuite, il s’agira de voir si certaines couches peuvent payer et si d’autres sont plutôt en situation de fragilité. Il faudrait donc que l’eau soit la base de la solidarité entre les humains.

Dans les pays de transition politique, comment comptez-vous travailler pour que l’AAEA puisse s’implanter ? On a vu Directeur exécutif faire un travail de remobilisation pour une bonne intégration de beaucoup d’organisations qui travaillent dans le secteur

Il ne s’agit pas d’implanter seulement l’AAEA. L’AFWASA ne remplace pas tous les acteurs. Mais elle doit être unificatrice. Une unificatrice, une sorte de prescriptrice. Parce qu’au quotidien, les différents acteurs de l’eau, de la mise à disposition de l’eau, et ceux qui s’occupent de l’assainissement doivent continuer d’exister et de mener correctement leurs activités avec le plus grand soin possible. L’AFWASA ou bien l’AAEA doit être un intégratrice, une incubatrice l’amie de tous ceux qui aiment l’eau et l’assainissement en Afrique, l’amie de ceux qui peuvent travailler à ce que cela s’améliore, l’amie de ceux qui peuvent financer ce secteur qui est souvent oublié.

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