L’ONG IBP-Sénégal a officiellement lancé une enquête sur les vulnérabilités liées à la pollution des eaux de la Falémé et aux inondations, avec la formation d’enquêteurs locaux chargés de recueillir les perceptions des populations. Cette initiative s’inscrit dans une dynamique plus large de plaidoyer pour la préservation de cette ressource essentielle, gravement menacée par l’orpaillage illégal et la dégradation environnementale.
Depuis sa création, plus de 70 organisations de jeunes, de femmes et de personnes handicapées ont bénéficié de formations sur l’analyse et le plaidoyer budgétaire, avec des avancées notables dans l’accès aux services sociaux de base (santé, éducation, assainissement) et la lutte contre les changements climatiques.
Aujourd’hui, la pollution de la Falémé représente une menace écologique majeure, compromettant les activités agricoles, de pêche et d’élevage des populations riveraines.
Selon Djibril Badiane, directeur des programmes d’IBP, l’organisation œuvre depuis 2019 à l’inclusion budgétaire et au suivi des politiques publiques au Sénégal et dans la sous-région. En collaboration avec les collectivités territoriales, les organisations de la société civile et les populations locales, IBP développe des stratégies de plaidoyer pour une meilleure prise en compte des communautés vulnérables dans l’élaboration et l’exécution des politiques publiques.
D’après Daouda Sène, préfet de Bakel, plus de 800 sites d’orpaillage clandestin ont été recensés en 2024. Ces exploitations minières illégales, menées notamment par des groupes étrangers et des orpailleurs artisanaux, ont entraîné une pollution massive de la rivière. L’usage de mercure et de cyanure, deux substances hautement toxiques, a rendu l’eau impropre à la consommation et affecté la santé des habitants ainsi que l’équilibre de l’écosystème local.
Cette exploitation incontrôlée a également des conséquences socio-économiques désastreuses : insécurité alimentaire, réduction des terres cultivables, baisse des ressources halieutiques, et une pression croissante sur les populations déjà vulnérables.
Face à l’ampleur du phénomène, le gouvernement a pris des mesures, notamment avec le décret n°2024-1502 du 31 juillet 2024, qui interdit toute exploitation minière semi-mécanisée dans un rayon de 500 mètres des rives de la Falémé pour une durée de trois ans. Cette suspension vise à permettre une évaluation des dégâts et la mise en place de mesures de protection environnementale adaptées.
Un plan d’action pour la préservation de la Falémé , l’ONG IBP a multiplié les actions de plaidoyer et de sensibilisation :
✅ Mars 2023 : mission de prospection dans la vallée du fleuve Sénégal et de la Falémé, identifiant les principaux défis environnementaux et sociaux.
✅ Juillet 2023 : atelier de plaidoyer avec l’Union des producteurs horticoles de Bakel (U4BAK) et le Comité de veille et d’alerte de la Falémé (CBA Falémé).
✅ Août 2023 : atelier de restitution d’une étude sur les vulnérabilités environnementales du bassin de la Falémé, menée par l’Institut fondamental d’Afrique noire (IFAN).
✅ Janvier 2024 : mission d’évaluation de la fiscalité locale et de l’impact de l’orpaillage sur le développement économique, suivie du financement d’une tournée de sensibilisation dans la région.
✅ Février 2024 : ouverture officielle de l’antenne IBP-Sénégal Oriental à Bakel, marquant un engagement durable auprès des communautés locales.
« Nous devons agir ensemble pour préserver la Falémé », a insisté Djibril Badiane, soulignant la nécessité d’une approche participative impliquant autorités locales, société civile, communautés impactées et partenaires techniques.
Dans cette perspective, IBP prévoit en novembre 2024 l’organisation d’un Cadre Local de Dialogue (CLD) à Kidira, afin de coordonner les efforts de protection du fleuve et d’identifier des solutions durables face aux défis environnementaux et économiques.
Le lancement de cette enquête et l’ensemble des actions engagées témoignent d’une volonté forte de faire de la protection de la Falémé une priorité nationale, pour la préservation des moyens de subsistance des populations et la sauvegarde de l’écosystème fluvial.



