Dr Lansana Gany Sakho spécialiste des questions wash ,non moins ancien DG de l’office Nationale pour l’Assainissement du Sénégal s’est prononcé sur les défis africains voire mondiale pour l’atteinte des ODD ,à travers un post sur linkedin ,l’actuel directeur du groupe de réflexion de l’association internationale de l’eau (IWA) interpelle les décideurs et partenaires pour un financement de l’accès à l’eau et l’assainissement .
« 22 mars 2024, journée mondiale de l’eau, les nations africaines à l’instar des autres ont également célébré cette journée… Elles vont encore célébrer cette journée malheureusement les digues risquent de ne pas bouger sur le continent.
En effet, en Afrique subsaharienne, près de 63 % des populations urbaines, principaux foyers de la maladie, ont du mal à accéder aux services élémentaires d’alimentation en eau et ne peuvent pas se laver les mains. On estime que 70 à 80 % des maladies sur le continent sont dues à la mauvaise qualité de l’eau et à l’absence d’installations d’assainissement adéquates, comme la dysenterie et le choléra, qui sont parmi les principales causes de mortalité infantile.
L’Afrique doit investir massivement dans les secteurs de l’eau et de l’assainissement. Il faudrait entre 10 et 15 milliards de dollars d’investissement annuels pour approvisionner toute la population en eau potable et fournir un service d’assainissement de base. Or actuellement, les pays africains ne consacrent pas plus de 0,5 % de leur PIB à ce secteur et n’y investissent qu’une petite partie de l’aide internationale.
Plus de la moitié des sociétés d’eau et d’assainissement ne sont pas performantes. Il faudra donc renforcer les capacités opérationnelles et la résilience des sociétés publiques ou privées, afin qu’elles puissent fournir de l’eau de bonne qualité, en quantité suffisante et à un tarif politiquement et socialement acceptable tout en étant viables financièrement.
Dans de nombreux pays, les eaux usées deviennent une autre manière de répondre à la demande en eau, surtout autour des zones urbaines où se développent des périmètres maraîchers indispensables pour nourrir les habitants des villes. En Israël, par exemple, 91 % des eaux usées sont traitées et 71 % servent à l’irrigation des cultures. Or, dans les pays africains, seuls 10 % des eaux usées sont traitées. En réutilisant davantage l’eau pour irriguer les terres agricoles, ces pays pourront assurer la sécurité alimentaire du continent tout en appliquant des approches d’économie circulaire.
L’Afrique ne doit plus avancer dans les sentiers où il lui est ordonné de courir. Son seul défi est d’être enfin à la hauteur de ses potentialités, en commençant à agir crânement par elle-même et pour elle. C’est là que se dessine de plus en plus clairement aujourd’hui, l’opportunité du continent.
En 2050, plus de 1,6 milliard d’Africains habiteront dans des villes et des bidonvilles. Dans les prochaines années, une centaine d’immenses mégapoles actuelles, comme Lagos au Nigéria ou Kinshasa en République démocratique du Congo doubleront leurs populations.
L’horizon des ODD c’est demain (2030), espérer les atteindre me semble une chimère… tout ce construit étape par étape dans une démarche structurée et dans la durée, commençons par régler les préalables……